La lumière n’est pas toujours, dans mon travail, source de sa présence.
Il est aussi une réflexion sur la lumière qui me mène à construire des images, qui par son absence, l’appelle dans notre confrontation au néant.
Ce sont alors ces noirs profonds qui la révèle, autant que peut s’habituer notre œil à restituer sa présence dans l’apparition évanescente de formes produites par notre esprit.
La vie d’aujourd’hui, nous conduit à préférer les images facilement lisibles, sans que nous ayons d’effort à fournir pour les comprendre ou les analyser.
Pourtant, comme Gustave Flaubert le disait : « Pour qu’une chose soit intéressante, il faut la regarder longtemps. »
Mes images demandent à celui qui les regarde, de s’y attarder.
Regardez bien ces images. Elles vous révèleront leur secret. Les niveaux de lecture sont multiples, et mènent à plusieurs interprétations.
Les photographies sont prises de telle manière, que les formes et les silhouettes semblent bouger sous l’effet de notre rétine. Les détails changent aussi, selon l’angle de vue ou le focus de notre œil.
La perception change donc, en fonction de notre regard, de la luminosité, de l’attention ou de la concentration qu’on y apporte, et de l’esprit dans lequel on se trouve au moment où l’on regarde l’image.
« Au début j’étais sceptique ! À cette époque, pendant les rares moments où nous passions du temps ensemble, j’apercevais de loin quelques photos dans la visionneuse de son appareil. Je trouvais qu’elles étaient floues et/ou difficiles d’accès. Je lui faisais un joli sourire comme on fait aux enfants lorsqu’ils croient avoir dessiné la septième merveille du monde, et je n’allais pas plus loin. Je pense qu’il n’était pas dupe, et il a dû sentir plus d’une fois, à l’époque, ce côté un peu ironique de mon regard. ごめんなさい、兄 (‘o^^o)
Un jour, il fit appel à mes capacités en infographie. Ainsi, pour la première fois j’ai REGARDÉ ! La photo était en grand ; c’était magnifique ! Je fus emplie d’un je ne sais quoi de très fort. Ces nuances de noirs et de blancs vibraient en moi.
Lorsqu’il m’a demandé d’écrire une critique sur sa dernière série, ce fut pour moi un honneur, et un réel plaisir de partager mes émotions avec lui. J’y ai vu aussi toutes ses années de travail pour arriver à ce niveau de maîtrise de son art. C’est vraiment hallucinant ! D’abord incrédule, puis conquise, je peux vraiment témoigner de l’intérêt qu’il y a à s’arrêter quelques minutes devant son talent. »
Ce magnifique et touchant témoignage est celui de ma petite sœur, infographiste, qui m’épaule dans certaines de me réalisations qui surpassent mes compétences. Ce jour-là, elle intervenait sur mon triptyque #fragments_2o17 (2 photographies de 150x26cm et 1 photographie 14x18cm).
Ce n’est pas la première fois que l’on me confie de telles révélations, ce qui m’amène à penser que la perception de mon travail photographique requiert un certain temps d’assimilation avant qu’il ne soit pleinement apprécié.
Je suis heureux et très fier de vous présenter le premier numéro de la revue SMARIS ELAPHUS dans lequel mon travail est mis à l’honneur avec la présentation de mon récit photographique ⛩ LES PORTES DES DIEUX ⛩
Votre participation à ce NUMÉRO 1 est la bienvenue, espérant grâce à vous qu’il devienne un jour, un COLLECTOR 🥇✨
Corridor Éléphant, Arts Hebdo Médias et TK-21 sont heureux et fiers de vous présenter le premier numéro de SMARIS ELAPHUS, la revue des trois revues. ArtsHebdoMédias.com, TK-21.com et CorridorÉléphant.com sont trois magazines d’art en ligne tournés vers la création contemporaine. Depuis plus de dix ans, chacune des trois revues aborde les créations d’aujourd’hui et de demain, interrogeant leur expression et leur portée sociale. Photographies, écritures, installations, sculptures et peintures : les trois revues réunies offrent un horizon complet perçu sous différents angles. Trois univers se rencontrent, avec pour dénominateurs communs la passion de l’art et celle d’interroger notre époque. Smaris Elaphus est la preuve qu’à trois nous sommes plus inventifs et indépendants que jamais. C’est une rencontre au présent qui se conjugue au futur, un objet que l’on imagine propre au merveilleux, tangible et intangible à la fois. Thème de notre premier numéro. Vous y retrouverez les créations, les mots et les réflexions de :
Dunia Ambatlle, Adrienne Arth, Catherine Belkodja, Jean Bescós, Francesca Caruana, Marie-Laure Desjardins, Georges Dumas, Anouck Everaere, Hervé Fischer, Dina Germanos Besson, Élie Grau, Geneviève Hergott, Hormoz, Hervé Hubert, Michel Jeandin, Pierre Leotard, Manolita, Alain Nahum, Olivier Perrot, Éric Petr, Virginie Rochetti, Julia Saludo, Manon Schaefle, Denis Schmite, Samuel Solé, Télémaque & Alicia Rina, Martial Verdier.
L’édition participative permettra d’imprimer une première édition de collection : une édition limitée, numérotée, imprimée sur un papier 170g, avec une couverture pelliculée mate 350g et un format de 17x22cm pour 114 pages. L’édition de collection est imprimée en France et sera envoyée avec beaucoup de soins dans un très beau papier de soie bleu et cacheté.
Si cette édition de collection est un succès, elle permettra de diffuser ensuite la revue en librairie (diffusion Dilicom). L’ouvrage sera imprimé en Allemagne sur un papier semi-mat 120g avec une couverture pelliculée mate 250g, son prix de vente sera de 30€. Afin de permettre l’impression du plus grand nombre d’exemplaires possible, des lots composés d’œuvres des artistes publiés vous sont proposés.
Un grand merci aux artistes suivants pour le don de leur image : Hormoz, Anouck Everaere, Manolita, Axel Léotard, Martial Verdier, Alain Nahum, Geneviève Hergott, Jean Bescós, Olivier Perrot, Virginie Rochetti.
À propos du récit photographique « Les portes des Dieux »
Il y a des lieux dont l’énergie est si forte, qu’ils vous appellent. C’est le cas du Sanctuaire de Fushimi Inari à Kyōto.
Les dix mille Torii qui guident la procession à travers la montagne sont telle une onde spirituelle qui vous accompagne tout au long de ce chemin propice à la méditation.
Torii est le portail traditionnel des sanctuaires japonais, souvent de couleur vermillon et qui représente, dans le Shintoïsme, la séparation du monde physique et du monde spirituel.
Ce récit photographique retrace cette ascension entre ombre et lumière, végétation et torii, matérialité et spiritualité.
Un voyage initiatique sur ce ruban de vermillon qui serpente dans cette végétation luxuriante où les forces divines omniprésentes appellent votre conscience.
Cette Rencontre Art & Philosophie organisée par le Conseil National Français des Arts Plastiques, une ONG auprès de l’UNESCO, en lien avec l’IPC (Faculté de Philosophie et de Psychologie de Paris) qui s’est tenue à la Galerie de la Grande Vitrine à Arles, où j’ai eu le plaisir de présenter mon travail ainsi que sa construction, intellectuelle et mécanique, en écho à la thématique « L’Art imite la Nature », fut une très belle soirée avec des échanges intéressants et une intervention passionnante du philosophe Pierre Durrande qui animait la rencontre.
J’ai présenté ce soir-là une photographie argentique tirée sur papier Hahnemühle Rag 310g [光 0x12B2B] de 2020 (50x50cm),
un de mes kakémono sur bâche Ferrari de ma série mAtrix présentée aux « Rendez-vous aux Jardins 2018 »,
ainsi que mon octoptyque Variations de Lumière opus 1 de 2017 qui fut exposé à la Galerie 1905 de Shenyang en 2019.
Je propose dans cet article, un résumé de la présentation que j’ai faite sur mon approche photographique. Tout d’abord, pour rapprocher mon travail de la thématique « L’art imite la Nature », je tiens à préciser que ma réflexion sur l’image est au cœur de la nature au sens large du terme et l’homme prend sa place, dans ma photographie, à l’endroit où se situe la rencontre entre le spectateur et l’image ; l’image étant ainsi le reflet de notre mémoire cosmique et universelle.
Bien que mes images soient d’inspiration abstraite ou dans la suggestion de volumes identifiables par le principe de la paréidolie, elles évoquent la nature et le cosmos en lien avec l’être.
Dans son principe général, mon travail photographique interroge l’idée de temps et d’espace. Il est tout à la fois une recherche sur l’essence de la lumière, la lumière en tant que matière, cette matière lumineuse dans sa dualité corpusculaire et ondulatoire (composée de photons ou d’autres particules élémentaires) qui nous parvient du fin fond de l’univers, chargée d’une mémoire cosmique incommensurable.
Je suis convaincu que cette matière, lorsqu’elle entre au contact de l’être (et l’être quel qu’il soit et la nature en fait partie), se transforme en énergie, vitalité et mouvement. Et c’est précisément ce phénomène de transformation (c’est à dire, cette matière ou onde qui subit une déformation au contact de l’être) qui m’inspire, me fascine et qui est à la source de mon écriture photographique.
Et par l’enregistrement sur mon film de cette matière cosmique, je m’attache à exprimer ce qui est inexprimable, à dire ce qui est indicible ou à montrer ce qui est invisible. Cette matière lumineuse aussi, en percutant mon film, vient y écrire en quelque sorte des bribes de cette mémoire universelle, comme si chacun des photons qui a percuté mon film se transformait, tout à coup, en l’alphabet d’un idiome cosmique.
Ainsi, les métamorphoses visuelles qui naissent de mes images, sont in fine, le résultat de ce processus de transformation photographique, et elles invitent tout naturellement le lecteur à s’évader dans cette matière visuelle sans qu’il ait pour autant conscience de cette transformation.
On dit que l’observation de l’univers impose certaines limites dans notre perception de la réalité ou notre compréhension de la nature. C’est tout à fait vrai !
Pour exemple, si nous considérons une étoile, c’est bien que ses photons qui l’ont quittée, il y a des millions d’années lumières, percutent notre rétine à un instant T de son interminable parcours. Et cela ne nous amène-t-il pas tout naturellement à nous demander ce qu’elle est devenue depuis que ses photons s’en sont échappés pour venir jusqu’à nous ?
À l’instar de cette métaphore, ma photographie vient aussi questionner les mystères de la nature.
Donc, d’un point de vue poétique et artistique, je dirai que ma photographie est peut-être comme une odyssée des grandes inconnues de notre univers et des secrets qu’il renferme.
En somme, j’aimerais que mes images suscitent en chacun de nous, l’idée que nous sommes traversés par une énergie qui vient de l’infini et qui se propage indéfiniment vers ce même infini, comme l’évocation d’un cycle énergétique et, qu’au contact de cette énergie, il se produit en nous quelque chose d’immensément puissant et beau, que je m’efforce, par l’image, de révéler.
Pour finir, je pense que ma photographie n’est pas en soi une imitation ou une retranscription de la nature, mais serait plutôt l’échographie de celle-ci, où les murmures et les vibrations de l’univers viendraient graver sur mon film, leur merveilleux écho.
Patrick SEARLE et Alain WATELLIER de la Galerie LA GRANDE VITRINE à ARLES organisent depuis 2022 des RENCONTRES/ÉCHANGES ART & PHILOSOPHIE en partenariat avec le CNFAP et l’IPC de PARIS et j’aurai le plaisir de vous y retrouver en tant qu’artiste intervenant, lors de la prochaine rencontre, le mardi 28 mars 2023 à partir de 18h30.
La rencontre sera animée par le philosophe Pierre DURRANDE sur la thématique “L’Art imite la Nature” et je montrerai en quoi mon travail sur l’abstraction s’inspire de la Nature.
Les places étant limitées, je vous invite à réserver la vôtre en contactant la Galerie LA GRANDE VITRINE.
RENCONTRES / ÉCHANGES ART & PHILOSOPHIE
“L’Art imite la Nature”
Une rencontre, organisée par le CNFAP et la Galerie La Grande Vitrine, animée par le philosophe Pierre DURRANDE où le photographe Éric PETR présentera sa démarche artistique.
« Mon travail est une réflexion sur ce qu’est la lumière ; il est une quête de son essence.
J’emprunte la lumière dans sa forme primitive en tant que matière première pour asseoir toute l’architecture de ma photographie. La lumière n’est pas utilisée dans ce qu’elle peut montrer ou éclairer ce qui nous entoure, mais seulement dans ce qu’elle est dans sa nature ondulatoire ou corpusculaire.
Je vais façonner de telle sorte que le filtrage, la réflexion ou l’éblouissement de celle-ci va redéfinir l’espace dans lequel je suis, pour proposer une autre perception du monde.
Je pose la question de ce que notre perception ne serait en fait qu’un placement de nous-mêmes par rapport à l’univers et par conséquent, notre propre compréhension de la réalité, ou plutôt d’une réalité.
Mon travail s’inscrit dans une recherche méditative et je me détache de toute introspection. J’aime l’idée d’être traversé par les atomes et me sentir si vaste que je me sens à la fois, partout dans le lieu et concentré sur un seul point, là où se trouve mon appareil photographique. Ce sont les poses longues qui vont enregistrer la vibration d’un lieu, sa résonance atomique ou son atmosphère indescriptible et comme un film dont le temps s’inscrit sur une seule image, l’histoire s’écrit selon la diction d’une scénographie et d’une gestuelle dont l’inspiration sera en accord avec les éléments du lieu.
Dans mon travail sur les « Métamorphoses », la lumière intervient de telle manière sur la réflexion des objets, que leur mise en scène in situ crée des figures, tels des corps en dilatation composés d’éthers flottant et se dessinant en volumes complexes et déstructurés que l’image au développement restitue comme une possible réalité.
Ces corps n’appartiennent ni au temps, ni à l’espace, ni à notre monde mais ils ne sont qu’agrégats de matière, d’ondes et de particules élémentaires en perpétuel mouvement pour venir percuter à un instant T mon négatif.
Mon écriture photographique est directe, c’est-à-dire qu’elle est en relation étroite avec la matière. Elle naît de la rencontre d’un instant fixé sur le fil de l’intemporalité entre l’être et l’univers. C’est ce que l’on pourrait nommer le trait d’union entre Ciel et Terre.
Il n’y a pas de de hasard mais seulement des synchronies. La rencontre avec DF Art Project est de cet ordre. Jamais, je n’aurais pensé qu’il y eût autant d’affinités.
Si cette belle rencontre avec le Déstructuralisme Figuratif s’est produite, c’est que tous les éléments étaient réunis pour que mon travail vienne apporter sa petite pierre à l’édifice. Puis DF Art Project est avant tout un regroupement d’individus autour d’une réflexion sociétale sur l’être et les infinies possibilités de transgresser sa forme par une fragmentation de la figure. Tout un pan de mon travail entre en consonance avec ce discours où les figures dilatées et en pleine expansion de mes images interrogent très justement sur la conceptualisation de cette forme et sur leur réalité quantique. »
par Éric Petr
À propos du Déstructuralisme Figuratif
La structure DF Art Project que représente le mouvement Déstructuralisme Figuratif, est un collectif d’artistes plasticiens vivants partageant une vision de l’art qui leur est commune et par laquelle le travail artistique s’oriente vers une fragmentation du réel, une mise en perspective de celui-ci par sa distorsion et/ou sa transformation dynamique.
Au travers cette conceptualisation, les artistes se positionnent face à l’individualité grandissante, l’abandon des échanges humains et le repli sur soi, dans une démarche introspective valorisant le questionnement, le multidimensionnel, l’irréel qui éclate et plus généralement la création de nouvelles interactions moins humaines et plus virtuelles.
Ces perceptions visent à révéler, dans une sorte de cri optimiste, une situation, sans doute générationnelle, d’une société globalisée en mutation face à un futur incertain, toujours changeant.
Par son témoignage artistique, DF Art Project défend une réflexion sociale où les réelles possibilités d’émancipation de l’homme, comme l’autonomie de son imaginaire, se redéfinissent.
Je suis heureux de partager avec vous ce très bel article de pleine page écrit par Alison Moss du Magazine LE QUOTIDIEN DE L’ART, paru ce mardi 6 décembre, sur mon travail et mon œuvre « Variations de Lumière opus 6 ».
Et la lumière fut !
Source originelle dont émanent toutes les choses, la lumière est aussi aux fondements des créations d’Éric Petr : « La lumière est un pinceau ; le papier, le capteur », résume-t-il.
Son écriture photographique, réalisée à partir de poses longues, s’inspire de la visite de lieux « chargés d’énergie » – qu’il s’agisse d’un paysage naturel, d’un site archéologique, ou lié à la croyance – dont il cristallise les « vibrations silencieuses ».
Présentée du 20 au 23 octobre au Salon des Réalités Nouvelles, rendez-vous consacré à l’abstraction et à ses différentes formes depuis 1946, sa série Variations de lumière op.6 (2022) a remporté le prix décerné par Le Quotidien de l’Art.
Les clichés, datés d’il y a trois ans, ont été réalisés lors de sa visite à Okinawa, au Japon, dont il dévoile, en négatif, la lueur de la lune reflétée sur la mer.
Préférant, de manière générale, ne pas révéler les sources d’inspiration de ses motifs abstraits, le photographe souhaite ainsi privilégier une rencontre purement émotionnelle avec l’œuvre. Car c’est justement celle-ci qui guide sa démarche : « Lorsque je me rends sur un site, j’essaye de rentrer dans un état méditatif, de me perdre, tout en restant à l’écoute de ce qui m’environne. Ce n’est que lorsque je perçois la puissance ou la magie de l’endroit, et l’émotion dont celui-ci est chargé, que j’ai envie de le photographier », confie-t-il.
Dans les années 2000, j’ai repris mon activité photographique, après avoir fait une pause de 10 ans tout en continuant une réflexion sur l’image, mais en essayant d’exploiter cette fois-ci l’image avec les outils HyperText Markup Language, pour faire simple, le langage HTML.
À l’époque, la qualité du numérique ne permettait pas de penser des projets sur des grands tirages. Les appareils du début des années 2000, ne proposaient pas grand chose au dessus de 10 ou 12 millions de pixels et souvent pour les appareils les plus sophistiqués. Qui plus est, le traitement de l’information, la qualité des capteurs et la réactivité des appareils étaient très en deçà de ce qui existe aujourd’hui sur le marché et bien entendu de l’argentique.
Il faudra attendre les années 2010 pour que la technologie numérique se démocratise et propose une alternative convenable à celle de l’argentIque.
Durant toute cette décennie, je me suis donc orienté vers des projets dont le support n’était pas le papier mais la feuille Internet qui dispose d’une surface infinie et à partir de laquelle on peut concevoir un rapport au cadre et à la photographie totalement nouveau.
Parmi de nombreuses expériences, le projet TrAveRséE2nUiT réalisé en 2004 fait partie de mes réflexions sur la photographie où l’image est libre de tout cadre, ou presque. Seuls, son propre cadrage et sa disposition à l’intérieur de cette feuille numérique sans fin (mais avec un départ tout de même), constituent les vecteurs qui orientent le regard et l’attention du lecteur.
TrAveRséE2nUiT porte une réflexion sur ce passage de l’ère de l’argentique à celle du numérique. Une traversée où toute une industrie technologique, photographes, tireurs, éditeurs et galeries, disparaît au dépens d’un autre système qui relève, lui, d’une technologie plus moderne et plus accessible à tous mais comportant encore de nombreuses imperfections. Ce que l’on pourrait appeler une période de chaos où chacun doit résister, composer, changer et évoluer dans ce terrible tsunami technologique.
TrAveRséE2nUiT est un plan film de 36 vues de 28 Mpx (768x1024x36 pixels), révélant l’image moderne de la photographie.
Préférez, pour visualiser cette Traversée de Nuit, une lecture en plein écran.
La photographie mouvement ou les Suites nocturnes d’Eric Petr par Jean-Paul Gavard-Perret
I. Pré-visions Il est de bon ton de faire comme si dans l’art photographique tout allait de soi et comme si les règles étaient parfaitement connues, admises, voire immuables. Il n’en demeure pas moins que dans toutes ses options – fortement enveloppées de technicité ou non – la photographie n’est pas un objet sans aspérités ni surprises et peut se prêter à toutes les manipulations. Ceux qui l’oublient la limitent souvent à une belle petite mécanique bien huilée, un jouet inutile à peine construit déjà brisé. Eric Petr propose une appropriation qui tend à replacer l’épreuve photographique en ce qu’elle est : une langue que trop souvent on efface ou que d’une certaine manière on altère sous le prétexte qu’il s’agit là d’une activité ambiguë où divers champs se croisent. Force est de constater que beaucoup d’interventions photographiques repérables témoignent d’autres préoccupations que l’art lui-même et déplacent le champ esthétique vers d’autres : éthique, social, politique, etc. Mais les véritables marques du débordement et du franchissement de la photographie restent, comme Eric Petr le prouve, d’une bien autre nature. L’aventure est esthétique : une langue s’y inscrit selon de nouveaux schèmes et circulations.
II. Meta-morphoses Eric Petr propose la transformation du médium par essence spéculaire dans une déterritorialisation qui tourne le dos aux archaïsmes premiers. La photographie acquiert un autre langage. Le « Esse Percipi » (être, c’est percevoir) de Spinoza est en quelque sorte brouillé. Sans pour autant que l’artiste accorde aux effets d’abstractions lumineuses une fonction transcendantale. Dans sa diaphanéité, les couleurs semblent en mouvement et comme pourvues d’un corps. L’avancée des techniques de l’image n’y est pas pour rien. La photographie n’est plus celle d’un monde perçu ou d’un sujet percevant, mais d’un rapport original entre les deux autant par la facture que l’ambition du projet. La corporéité du monde comme la choséité de l’image sont transformées. Il faut renoncer à saisir « du paysage » envisagé comme une totalité dans l’ordre de la connaissance. De même, il convient de renoncer à croire chez le photographe à une métaphysique de la transparence. Face à l’illusion « réaliste », fidèle, objective, « naturelle » de la réalité, entretenue par la foi en un « Signifié transcendant » jaillit une autre dimension. A l’image de Diogène tournant le dos à la ville, le créateur semble tourner le dos au paysage pour mieux revenir à lui. Comme frappé par la foudre, il ressuscite en faisceaux lumineux comme rejaillissent les fantômes. L’être s’y efface, la nature se ramène à son rien. En leurs ruissellements ou plutôt zébrures et glissements, les couleurs investissent sur fond noir les photographies d’Eric Petr. Le regard s’emplit de ce déversement de lueurs. Ce n’est pas la lumière banale du dehors mais son suspens filtré. C’est de la couleur habitée mais qui ne dit rien hors d’elle. C’est pourquoi il faut regarder de telles photographies dans le silence.
III. Dialectiques Ce qui est absent ou attendu est répandu par les couleurs que rehaussent par touches les lignes. Les couleurs les déplacent et les exaltent. Tout est là mais comme hors de prise. Alors est-ce vraiment donné si c’est hors de prise, est-ce hors de prise puisque c’est donné ? Par la couleur, l’absence se lève de partout. Elle en émane, elle est présente. Selon le renversement de la stratégie d’Eric Petr les couleurs « font » paradoxalement jaillir le noir : il n’est là que par elles qui le serrent de près si bien qu’il s’efface par celles qui autorisent sa présence. Dans cette dialectique tout se joue. N’est-elle pas, au fond, celle de l’art en général ? C’est l’avancée vers l’extase la plus nue et excentrée faite de mouvements contraires qui s’épousent dans l’épreuve de la photographie qu’on définira comme sans « objet » si ce n’est qu’elle-même. Elle ne trouve rien à étreindre – comme il arrive ordinairement dans l’extase. Elle est saisie ou proie d’un saisissement mais ne sait rien elle-même. D’où la béance qui retient. Elle ouvre la photographie. Voici donc l’élan pur, l’énergie issue du monde pour aller où ? Il n’y a pas de terme, pas d’issue, du monde ne reste que son départ. Sur la photographie, il change et se fait léger, en suspens de lui-même. Dans une telle œuvre, le monde qui était un terme n’est plus qu’un départ. Ce dont, un jour (ou une nuit), on part. La photographie elle aussi en part, s’en détache. Mais pour nous rappeler à nous, à ce rien qui soit du monde – si ce n’est des lumières (pas des éclairages) à son sommet, à son extase. Nue comme un désert cette extase. Comme ses couleurs. On y brûle. On s’y consume.
IV. Poésie pure La photographie d’Eric Petr ne dévoile pas selon une narration idéologique. Elle ne répond pas à une sorte d’utilitarisme : s’il faut fournir notre société en images, le photographe ne s’en préoccupe pas. Il ne fait pas dans le productivisme ; les masques et les miroirs complaisants. Il laisse à d’autres le monde désolé et convenu des praxis communicationnelles. A l’inverse, Petr libère la photographie de formes anciennes et périmées sans oublier néanmoins que c’est au moyen de la part la plus primitive de son histoire que la photographie est devenue irremplaçable. Pour être « neuve », elle n’a pas forcément besoin de célébrer l’avènement du réel. Le nouveau formalisme par un retour à des formes « simples » le remplace. Par elles, l’extension de la photographie reste donc possible. L’artiste crée donc une production d’actions supplémentaires au déjà-vu et partant des découvertes premières de la photographie en passant par les expérimentations abstraites dadaïstes sur le médium. Il crée un supplément de langage qui n’est plus le simple faire-valoir de la représentation. Dans une telle œuvre, l’imagination n’est pas morte et aucun accident de l’Histoire ne peut en venir à bout. Elle n’est plus fourre-tout ou l’accumulation iconique mais son opposé radical entièrement programmé vers la recherche d’une sorte de poésie pure. La photographie est donc un objet qui change. Mais pas n’importe comment. Elle ne se contente plus de répéter et de décliner du réel. Elle devient un néo constructivisme particulier : il crée le mouvement par l’image fixe. Preuve que la photographie est toujours à réinventer. Petr en pousse plus loin les flux, respirations, flottements par des suites nocturnes. Sous une apparente abstraction, la figuration n’est jamais absente. Mais cette présence filtre par un pas de côté, une présence intense mais décalée. Elle introduit de l’espace dans l’espace à la recherche d’un paysage inspiré qui ne se voit que dans un tintement plastique. Exécutée froidement, chaque photographie recèle la puissance de l’agitation. Eric Petr y retient l’essence du vivant. Aux arêtes vives du réel l’artiste préfère des concavités plus subtiles. Là où semble trôner le chaos et l’irréel se concrétise une autre figuration dont la structure échappe en un devenir incessant par énergie et mouvements.
V. Finir La photographie est dégagée de tout ce qui n’est pas son langage pour mettre en grâce dans les pesanteurs par l’épreuve de la disjonction qui tient d’un soulèvement, d’une élévation. Il ne s’agit ni de colorer le monde, ni de raconter une histoire. Il faut au contraire aller vers des « déconstructions ». C’est pourquoi les chromatismes instaurent un rapport important. Tandis que la couleur garde une capacité d’ensemencement le noir permet, en devenant un portant intérieur, leur « coupe sombre ». Vidée de toute chair, l’image n’est pourtant pas que l’ombre d’elle-même, elle est réenchantée. Et par ce chant mystérieux des formes en dissolution, Eric Petr ne suggérerait-il pas ce qui jaillissait des profondeurs de l’inconscient en un lapsus célèbre de Pierre Loti – « ma mère vient de m’ouvrir » – en lieu et place de « ma mère vient de mourir » ? L’Imaginaire ouvrirait donc à la rupture essentielle afin de faire rentrer l’abstraction dans le circuit du médium le plus réaliste. Il s’agit, à travers le noir, de faire jaillir les images les plus naïves et sourdes qui n’ajoutent rien, n’élargissent rien. Elles ne font que renvoyer à l’affolement dont elles sortent, comme le cri absurde à la douleur et à la joie.
Texte issu du livre de photographies d’Éric Petr « SPIRITUELLES ODYSSÉES » édité chez CORRIDOR ÉLÉPHANT en série limitée 250 exemplaires, numéroté et signé
Dans mes images, la matière visuelle est redéfinie, les objets sont décomposés pour être réassemblés selon des volumes et des plans complexes, redonnant une nouvelle conception de notre vision du monde.
Pablo Picasso changeait par son regard expressif, la perception des objets et l’espace qui nous entoure pour surprendre et interroger le spectateur.
À ma façon, je recompose notre perception du monde en une retranscription des informations ressenties dans un langage fait de matière visuelle.
Les vibrations ou les impressions que je ressens en certains lieux sublimes, sont capturées par le prisme (ou le pentaprisme) de mon appareil photographique pour prendre forme dans le champ de notre perception visuelle, tout comme les ondes lumineuses (cette matière informe de particules élémentaires) qui passent à travers le sténopé d’une boîte noire pour prendre forme à nos yeux par leur simple diffraction.
En quelque sorte, il s’agit de suggérer au lecteur de ressentir ce qui est, plus que de voir ce qui était.
A priori, la lecture ne semble pas directe mais au fur et à mesure que l’on découvre mes images, on trouve petit à petit les clés nécessaires à leur lisibilité et leur compréhension.
Dans une époque où l’on a besoin de comprendre tout immédiatement, où le temps rythme et ordonne nos émotions, l’intemporalité de mes photographies presse l’observateur à s’arrêter, à suspendre son temps, à faire abstraction de son quotidien pour pénétrer les multiples strates de mes images et libérer son subconscient.