Pierre Soulages a rejoint, ce mercredi 26 octobre 2022, l’infini petit, ce petit si grand qu’il est un monde à lui seul. Un monde où les particules élémentaires sont libres de leurs positions et de leurs vitesses. Un monde où la Lumière et les Trous Noirs sont les Maîtres d’un Paradis incommensurable à l’horizon immense, Laniakea !
Adieu, Pierre Soulages, que la paix soit en ton âme, si belle fût-elle en notre petit monde atrophié mais nous auras-tu, le temps d’un siècle, montré ce que la Lumière, ainsi révélée dans tes merveilleux « outrenoirs », est.
J’ai une immense pensée pour ce travail si beau qui m’inspira tant.
Découvrez ce documentaire sur artiste peintre Pierre Soulages. Son portrait réalisé par Stéphane Berthomieux, 2017
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Pierre Soulages à Conques : lumières sur un chef-d’œuvre | La Croix
Salués aujourd’hui comme un chef-d’œuvre, les vitraux de Pierre Soulages sont nés dans la douleur après huit ans de travail, des centaines d’essais de verres et une obstination sans faille pour surmonter les changements politiques et les réticences des habitants. Sabine Gignoux, 2019
Une interview très intéressante menée par la Revue TK-21, de Pierre Léotard, Directeur Éditorial de Corridor Éléphant, qui dévoile avec subtilité sa personnalité exceptionnelle et le parcours tout à fait atypique de la maison d’édition Corridor Éléphant.
Une rencontre organisée par Martial Verdier, cofondateur de la Revue TK-21, et qui, avec la Revue Corridor Éléphant, fêtent communément leurs 10 ans cette année.
Les deux revues échangent depuis plusieurs années des idées et des images et ont une approche commune qui est celle de mettre un point d’honneur sur l’indépendance de leurs ressources et de leur ligne éditoriale, ce dont peu de revues aujourd’hui peuvent se revendiquer.
À propos de la maison d’édition Corridor Éléphant :
Corridor Éléphant est une association à but non lucratif (loi 1901) fondée en 2012. Elle a pour objet de montrer et de relayer la photographie contemporaine, celle qui témoigne de notre présent, celle qui demeure peu exposée, malgré sa qualité, mais aussi peu ou pas éditée, et ce, quelle que soit son origine dans le monde.
Depuis sa création, le magazine corridorelephant.com met en ligne entre dix et vingt expositions par mois. Corridor Éléphant a publié une soixantaine d’Ebooks photographiques, disponibles sur un peu plus de 500 plateformes numériques et dans 51 pays (voir le catalogue).
À partir de 2015 Corridor Éléphant a publié la revue NIEPCEBOOK au rythme de trois numéros par an jusqu’en décembre 2020. Revue autant qu’objet de collection, NIEPCEBOOK a permis à plus de cent cinquante photographes émergents de voir leurs travaux édités et relayés.
Depuis 2015 Corridor Éléphant publie des monographies, souvent des premiers ouvrages. Ces livres sont en édition limitée, numérotée, signée par les photographes et certifiée par un cachet à froid. Ils sont disponibles dans la librairie en ligne du site (Librairie).
L’ensemble des éditions papier de Corridor Éléphant sont financées par le biais d’éditions participatives (crowdfunding) destinées autant à acquérir les fonds nécessaires à la réalisation des livres, qu’à communiquer et promouvoir le travail du photographe.
Fondée par Pierre Benielli, Jean-Louis Poitevin et Martial Verdier, « TK-21 la revue » est une structure qui a pour ambition de s’imposer comme une plateforme non seulement d’échanges mais d’action. Elle offre un espace de découverte et de rencontre à tous ceux qui tentent de penser la mutation dans laquelle nous sommes embarqués et à laquelle, suivant en cela Vilém Flusser, nous donnons le nom de posthistoire.
Née de la rencontre entre des photographes, des artistes, des historiens de l’art et des philosophes, cette revue publie des réflexions « non affidées » sur les images mais aussi sur de nombreux autres sujets.
Ces textes ne doivent rien ou le moins possible aux idéologies qui hantent encore nombre de penseurs contemporains. Ils prétendent ne pas céder aux peurs qui retiennent tant d’auteurs de présenter comme étant des faits ce qu’ils n’osent approcher que comme étant de vagues songes.
Les bases de la pensée classique et contemporaine n’échappent pas au crible mis en place. Ainsi, la conscience et l’histoire, l’espace et le temps, les formes de la croyance en l’être comme en la toute-puissance de la raison seront interrogés pour ce qu’ils sont : des masques dont se servent les tyrans d’une part, et leurs valets de l’autre, pour maintenir les individus et les groupes sociaux dans une méconnaissance radicale de ce que pourtant ils produisent.
« TK-21 La revue » est donc un « lieu » où chacun peut proposer à la publication des images, des textes, des vidéo. Cette revue en ligne s’appuie en particulier sur le travail des artistes, mais aussi sur tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, tentent de penser de comprendre et de faire face à ce que Rem Koolhaas nomme « l’hallucination du normal ».
Tous les envois seront examinés par le comité de rédaction, dont la fonction principale est de s’assurer de la qualité des textes et des images mis en ligne.
Chacune des rubriques correspond à l’un des aspects majeurs de ce qui a constitué le champ de nos recherches et est à comprendre donc comme l’énoncé d’une sorte de programme. « TK-21 la revue » entend être en prise avec son temps et participer à la réflexion nécessaire, pour ne pas dire vitale, que nous imposent à la fois l’état du monde et les possibilités encore inexplorées de le transformer.
Patrick Lowie m’a contacté et m’a dit : « racontez-moi votre rêve et je ferai votre portait onirique ».
C’est un honneur d’avoir un portrait croqué de la plume de l’écrivain. Je lui ai ainsi raconté mon rêve fantastique et mon rêve rêvé par Patrick Lowie est devenu une histoire très drôle et complètement rocambolesque.
Patrick Lowie dresse sur son site web Next (F9), des portraits oniriques de personnalités de tous horizons ; des rêveries littéraires pour le plaisir des pensées envolées.
« Next (F9) vous propose des portraits de personnalités connues ou inconnues, des poètes ou des vendeurs de boutons, des gauchos ou des gauchers. L’important est de rêver. »
Vidéo de présentation de Next (F9)
Voici le rêve de Eric Petr, tel il a été raconté à Patrick Lowie …
« Je suis dans une salle de cinéma, l’univers est onirique et comme un cocon. J’ai soif. Je vais me désaltérer. J’emprunte à tâtons le chemin qui parcourt l’antre du cinéma. L’atmosphère a soudainement basculé dans une vérité crue. L’éclairage est devenu blafard et l’ambiance en contraste avec le siège douillet dans lequel je me trouvais il y a quelques instants. Mais je peux enfin satisfaire ma soif. Je me presse de revenir et lorsque je quitte la salle d’eau, au moment où j’ouvre la porte, je me retrouve brusquement face à l’immensité de l’univers. C’est un choc où tout défile en soi comme si les valeurs inculquées s’effondraient comme si toute connaissance était remise en question. Je suis là planté sur ce point liminaire prêt à sauter dans l’infini. Je sens une douce impulsion qui me fait lâcher prise et s’ensuit une impression vertigineuse de liberté qui m’envahit. Mon corps flotte dans l’espace. Je me réveille. »
Le portrait onirique de Eric Petr par Patrick Lowie
« Sur l’écran d’une salle de cinéma, des images en noir et blanc d’un film français de 1965, je reconnais Victor Lanoux, c’est La vieille dame indigne de René Allio. Un film d’auteur comme on disait à l’époque parsemé de chansons de Jean Ferrat. Le revoir aujourd’hui au Rio Tinto, ce cinéma désaffecté de l’Estaque, ancien quartier d’ouvriers à Marseille, me procure une nostalgie bénéfique pour les interstices de mes neurones. Pendant le générique de fin, je me rends compte ne pas être seul dans la salle, un homme est endormi au premier rang. Ce que je vais vous raconter maintenant est tout à fait extraordinaire, de l’ordre du fantastique, je veux dire que cela ne m’était jamais arrivé auparavant : le film était terminé mais l’appareil continuait à projeter une lumière blanche sur l’écran, on voyait la poussière au passage de celle-ci, je me suis donc imaginé que l’homme assis au premier rang était le projectionniste. Je me suis dirigé vers lui et j’ai essayé de le réveiller mais impossible. Il dormait profondément. La salle était devenue un cocon, une ambiance onirique s’y était installée, des nuages de fumée ou de la buée peut-être se propageait un peu partout sous les sièges.
En m’approchant encore, je remarquai que l’homme se passait la langue sur ses lèvres souriantes, il avait soif. Il se réveille, se lève, un appareil photographique à la main, il dit : j’ai soif et se dirige à tâtons vers l’écran, l’ombre de son corps faisant désormais office de personnage. La scène était particulièrement minimaliste et monochrome. L’ombre se retourne et me voit, se rapproche et me dit : qui êtes-vous ? Vous n’êtes pas de Marseille ? Je me suis présenté, sur un ton uniforme : Patrick Lowie, décripteur de rêves endémiques. Et vous ? L’éclairage est devenu blafard et l’ambiance en contraste avec le siège douillet dans lequel je me trouvais il y a quelques instants. Il me dit : je ne suis que l’ombre d’Eric Petr, il va revenir, il est parti se désaltérer. Allons le rejoindre ! L’atmosphère a soudainement basculé dans une vérité crue, on est dans l’écran, plaqués par la lampe du projecteur. Eric Petr, photographe de talent dont l’œuvre parle de nos relations à l’univers, se retourne et me dit : voilà, j’ai pu satisfaire ma soif. Quittons cette salle d’eau. Au moment d’ouvrir la porte de la pièce, on se retrouve brusquement face à l’immensité de l’univers. J’ai le vertige, lui pas. L’ombre a disparu. Nos corps flottent dans l’espace.
Nous nous sommes réveillés tous les deux dans le cinéma, je m’avance vers lui et lui demande si lui aussi avait vu l’univers. Il me répond doucement, hébété : c’était un choc où tout se défile en soi comme si les valeurs inculquées s’effondraient comme si toute connaissance était remise en question. J’étais là, planté sur un point liminaire prêt à sauter dans l’infini. Je sentais une douce impulsion qui me faisait lâcher prise et s’ensuivait une impression vertigineuse de liberté qui m’envahissait. Mon corps flottait dans l’espace.
Nous sommes sortis du Rio Tinto en pensant être sortis du rêve, de son épaisseur, j’essaie de saisir l’intemporel. Je laisse venir l’incertain. Je constate que nous sommes tous les deux habillés à l’identique : vestes de la couleur du bleu de chauffe avec le col Mao, étrange mais belle mode des années 1980. Nous observons les gens qui vont à l’usine à pied, ils nous saluent comme si nous étions ouvriers nous aussi. Pas de voitures par ici, rien que des hommes aux yeux en forme de pépites, un homme me parle, son visage brûlé par de l’acide chlorhydrique, il prétend habiter dans une des maisons de La Coloniale.
Les mains d’Eric Petr tremblent, l’appareil photo le démange, il guette le moment du vertige pictural, sans attendre le printemps, j’entends le son du déclenchement de son reflex argentique, souvenir d’enfant, le soleil aveugle tout le monde, les femmes sont chez elles, elles préparent le déjeuner, on ne mange pas à la gamelle ici. On passe sous une voûte de lauriers-roses puis on contourne un magnifique champ de coquelicots à la façon de Monet. Par la polychromie des lieux, j’avais compris qu’on était dans l’irréel. »
Qui est Eric Petr ?
Je suis un photographe français né en 1961 et je vis à Marseille. Très jeune, mes photographies, variations de lumière et de matière, parlent de notre relation à l’univers. Mes choix esthétiques se sont tout d’abord orientés vers des compositions minimalistes et des tirages monochromes. Pour autant, l’avènement du numérique au début des années 1990 a marqué pour moi, un moment de questionnement et d’interrogation. Une rupture avec la photographie s’imposait et cela me laissa le temps de reconsidérer ma relation à l’image et à l’appareil photographique. En 2003, le désir de créer à nouveau des photographies pour saisir l’intemporel, s’est tout à coup imposé à moi. Depuis 2013, je m’exprime en tant qu’artiste. C’est à partir de l’année 2016 que mes efforts ont commencé à être récompensés par des expositions et la réalisation d’un livre d’auteur aux éditions Corridor Eléphant.
Éric Petr est un artiste-photographe français, né en 1961. Il vit à Marseille et promène son appareil photo, en toute discrétion, en des lieux publics et sacrés. Ses photographies éblouissent, émerveillent par leur beauté, le jeune enfant ; elles subjuguent, étonnent l’admirateur averti. Éric Petr, à 7 ans, était un précoce et talentueux « déclencheur ». Cet auteur est resté sans maître et humble. Ses photos, variations de lumière, résument ce qu’est la vie : fragilité et grandeur.
Ma photographie est une réflexion sur l’essence de la lumière. Elle questionne sur ce que l’observation imposerait certaines limites à notre perception du réel. Elle montre la fragilité et la beauté de la vie.
Pourquoi avoir choisi la photographie ?
Je ne l’ai pas choisie, elle s’est imposée à moi comme si dans ma mémoire subconsciente quelque chose m’avait toujours relié à elle. Quand je regarde dans l’œil de mon reflex, une distance avec le monde se produit et cette distance est celle qui me donne le recul nécessaire pour me sentir en phase avec ce monde. Depuis que j’ai regardé, tout jeune, à travers le viseur du 6×9 que m’avait prêté mon père, j’ai été fasciné par cette ambiguïté éprouvée à être tour à tour observateur et acteur de son observation. La photographie est pour moi le moyen de libérer une écriture inconsciente, dominée par une pulsion instinctive, l’inspiration.
Comment êtes-vous arrivé à ce type d’images ?
C’est un long parcours mais, quand j’y pense finalement, tout est assez cohérent. J’ai toujours eu le désir d’écrire la trace invisible de l’interconnexion des éléments de l’univers et la relation qui nous lie avec eux.
Avec quel matériel travaillez-vous ? Pourriez-vous expliquer votre technique ?
Je travaille essentiellement avec un Nikon F3 et un Nikon Df donc, avec l’argentique et le numérique. Je n’utilise jamais de zoom pour préférer les vieux objectifs qui ont une âme et avec lesquels je ressens une belle énergie. Je n’utilise pas de programme, je suis toujours en mode B (Bulb) et je n’utilise jamais le mode de mise au point automatique. La sophistication des appareils modernes me gêne et m’ennuie plutôt qu’autre chose. J’ai un peu l’impression, lorsque je me retrouve avec de vrais photographes, de faire partie d’un monde qui n’existe plus. Mais dans un sens, comme mes photos parlent d’intemporalité, ça leur va bien.
Vos séries sont-elles réfléchies avant la prise de vue ? Si oui comment naissent-elles ? Si non, comment naît la série ?
Dans mon esprit, mon négatif est la toile du peintre et la lumière, son pinceau. Dans la problématique posée, le rai de lumière est fixe ; c’est l’appareil qui doit être mobile. Comme si le peintre devait bouger sa toile pour peindre avec un pinceau fixé au mur. C’est ainsi que je photographie.
Je vais donc composer mes couleurs, dessiner mes formes, mettre en vibration des lueurs que j’extrais de lieux éternels et chargés d’une énergie particulière, pour écrire des histoires célestes de ce pinceau de lumière. La question que je pose ici : qui tient ce pinceau ? Ne serait-ce pas celui qui se trouve derrière la lumière, justement ? Cette connaissance qui précède la lumière ? Cet espace qui voit ce que voit la lumière ? Cet instant qui précède le Big Bang ? Ce trou noir qui renferme les secrets de l’univers et qui nous sont délivrés, sous la forme d’une écriture codée et poétique, sur ma pellicule ?
Mes séries sont toutes issues de cette même réflexion : la représentation de corps célestes, invisibles dans notre système en, seulement, trois dimensions. Chaque série montre une dimension différente de ces corps. Pour mieux comprendre, imaginons un volume suspendu dans l’espace. Imaginons également que nous projetions une source de lumière sur ce corps. Nous obtiendrions alors des formes réfléchies par la lumière, sur un mur opposé, de différentes structures, selon que la source d’éclairage est d’un côté ou de l’autre du volume. Les différentes images projetées de ce corps donneront une lecture multiple de ce qu’il est réellement. Pour autant, aucune des formes projetées ne sera inexacte, ni même exacte. C’est uniquement la multiplicité en série de ces formes projetées qui apportera une définition plus précise des caractéristiques du volume éclairé. Mes séries fonctionnent comme ces projections. Chaque série montrera une seule dimension de l’univers mais l’ensemble de mes séries apportera autant de facettes que l’univers a de dimensions.
Qu’est-ce qu’une photographie réussie ?
Une photographie réussie est une photographie qui traversera les temps sans jamais livrer son mystère. C’est son intemporalité qui fera d’elle son éternelle contemporanéité.
Qu’aimeriez-vous photographier que vous n’avez pas encore fait ?
Mon rêve serait de photographier ce qui précède le Big Bang, juste pour me rassurer et me dire que notre univers n’est qu’une fraction d’étincelle dans un monde perpétuellement en mouvement et non pas un monde figé dans une parenthèse, un monde sans père.
Que vous inspire le figuratif ?
Le figuratif fixe les éléments. Il nous assure que nous sommes. Il nous rassure au sens que ce que nous pouvons voir, est. Il crée une image figée de notre présent. Cette image prend une dimension atemporelle à travers laquelle notre esprit peut voyager dans l’espace-temps de notre imaginaire.
Éric Petr is a French photographer born in 1961. He lives in Marseille and, very discreetly, walks around with his camera into public and sacred places. His photographs dazzle, amaze young children through their beauty. They subjugate, astonish mature viewers. Éric Petr, at seven years old, was a precocious and talented « shooter ». Humble and belonging to no one, his photos, variations of light, summarize what life is: fragility and greatness. …
I didn’t choose it. It imposed itself on me as if something in my subconscious memory was always connected to it. When I look into the eye of my camera, a distance from the world is created, and this distance is what gives me the necessary space to feel in sync with this world. Ever since I looked though the viewfinder of the 6×9 my father lent me at a very young age, I was fascinated by this alternating ambiguity between being an observer and an actor in the observation. For me, photography is the way to free something unconscious, dominated by an instinctive drive, inspiration.
How did you end up making these types of photos?
It was a long journey, but, in the end, when I think about it, everything is pretty consistant. I always had the desire to draw out the invisible record of the interconnection of universal elements and the relationship that connects us to them.
What would you like to photograph you haven’t yet?
My dream would be to photograph what came before the Big Bang, just to reassure myself and tell that our universe is only a fraction of a spark of a world in perpetual movement, not a world frozen between parentheses, a world without a father.
What influences the figurative for you?
The figurative stabilizes the elements. It assures us that we are. It reassures us in the sense that we can see, is. It creates an image frozen in our present. This image take an atemporal dimension through which our minds can travel in the spacetime of our imagination.
Celui qui vient de l’infini : entretien avec le photographe Eric Petr par Jean-Paul Gavard-Perret
L’architectonique de la photographie n’est pas forcément tabulée par le positivisme. L’histoire même de cet art prouve à lui seul combien à l’inverse il s’est développé par l’apparition de nouvelles logiques de représentation où disparaissait chaque fois par à coups l’unilinéarité des représentations antérieures.
Déterminant, matrice, table de vérité mais aussi bandes de spectre, la photographie chez Eric Petr demeure toujours un plan complexe où volumes et couleurs créent des indices d’organisation et de variation, de système d’espaces et de temps, de géométrie et d’histoire.
Par ses prises, Eric Petr crée des stratigraphies face à celles — « classiques » — qui se gobent si souvent comme un corps céleste gazeux. Le photographe ramène jusque par l’effluve à l’attraction terrestre. D’où les formes perdues dans l’espace La matérialisation des éthers s’accomplit ici-bas. Une rêverie architecturale se déploie et jouxte une rêverie. Surgit un lieu marquant le passage d’un univers surchargé d’images à celui d’un vertige.
Entretien
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La lumière.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Quand j’étais petit, j’avais des rêves et maintenant, en vieillissant, ces rêves reviennent à moi, comme si le temps était une machine à renouveler le passé et le futur qui deviennent à leur tour le présent.
A quoi avez-vous renoncé ?
Aux études.
D’où venez-vous ?
De l’infini.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
L’amour de mes parents.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Un Châteauneuf-du-Pape, quand l’envie devient irrésistible.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Ce sont mes gènes qui me distinguent des autres artistes ; nous sommes tous différents. C’est cette extraordinaire pluri-diversité de l’univers qui définit tout ce qui le compose.
Comment définiriez-vous votre approche de la photographie ?
Ma photographie est un dialogue entre le ciel et l’homme. Elle est une réflexion sur l’essence de la lumière. Elle est une variation sur les « relations d’incertitude » de Werner Heisenberg qui questionnent sur ce que la théorie de l’observation de l’univers imposerait certaines limites à notre perception du réel. Elle montre la fragilité et la beauté de la vie.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
C’est sans doute l’image de Neil Armstrong marchant pour la première fois sur la Lune.
Et votre première lecture ?
“Tintin au Tibet”.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Quand j’écoute attentivement la musique, c’est : « Laborintus II » de Luciano Berio ou Dieterich Buxtehude, la Suite en do majeur BuxWV230 pour clavecin ou Stefano Landi, son magnifique chant « Homo fugit velut umbra » ou Ryoji Ikeda ou encore l’extraordinaire Léo Ferré.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
« Inconnu à cette adresse » de Kathrine Kressmann Taylor. Magistral, c’est une leçon à ne jamais oublier.
Quel film vous fait pleurer ?
Le film qui me fait pleurer… de rire, c’est : “Les Dieux sont tombés sur la tête” de Jamie Uys. C’est l’histoire d’une bouteille de Coca-Cola qui tombe d’un avion pour atterrir dans une tribu du Botswana et qui engendre le chaos au sein de la communauté.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Moi, maintenant.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A mon père.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Le Mont Fuji, si céleste, tellement beau, divin.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Pierre Soulages pour la lumière, Pablo Picasso pour la couleur et Masahisa Fukase pour son intensité dramaturgique.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un livre.
Que défendez-vous ?
L’Amour.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas” ?
Je ne comprends pas la psychanalyse ; elle n’agit pas sur moi. Alors, cette phrase ne m’inspire rien.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question » ?
Ça lui ressemble bien.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Pourquoi aimé-je Marseille et pourquoi ai-je mon cœur à Tokyo ? J’ai une immense admiration pour le Japon, pour l’écriture et la culture japonaise mais plus que tout, une extraordinaire épouse du Pays du Soleil Levant. Marseille et Tokyo, des villes portuaires qui ont comme point commun de s’ouvrir sur le monde. Par-delà les mers, je les entends parler d’amour.
Présentation et entretien réalisés par Jean-Paul Gavard-Perret pour Lelitteraire.com le 24 novembre 2016