L’IMAGE EN MOUVEMENT OU LA PHOTOGRAPHIE ET L’AIKIDŌ

Hong Kong by night, février 2005 © Éric Petr

Mon cheminement, dans ma réflexion sur l’image en mouvement

J’ai pratiqué la photographie argentique avec passion, entre 1983 et 1993. Je développais mes films et je tirais mes photographies dans un laboratoire photo de l’Aéroport de Paris qui m’était prêté.
Puis j’ai arrêté subitement la photographie. Je considérais sans doute à ce moment précis de son histoire qu’un séisme s’était produit, et que je n’y avais plus ma place. Le monde du numérique émergeait.

C’est alors que s’enchaînèrent pour moi les années sans prendre une seule photographie et sans toucher à un appareil photographique au cours de la décennie qui s’ensuivit.
Quand je regarde mes albums photo, c’est un trou béant d’une décennie de souvenirs qui ne se sont pas imprimés, et pour certains disparus au fin fond de mon inconscient.
La première leçon reçue de cette privation de l’image est que la photographie, le dessin ou le carnet de voyage, au-delà de ce qu’ils peuvent produire de beau, sont tout d’abord un outil indispensable et nécessaire à la mémoire.

Mais un recul s’imposa à mon rapport obsessionnel et maladif de l’appareil photographique, et ces dix années d’interruption m’ont permis de prendre conscience de cela et de placer une distance nécessaire pour réfléchir librement et sans contraintes au pouvoir de l’image, son rôle, sa puissance et surtout, de quelle manière l’image photographique pouvait toucher à l’immatérialité, la métaphysique et exprimer des émotions indicibles de l’ordre du spirituel ou de l’invisible.

C’est ainsi que cette décennie de gestation, qu’une pratique intense d’un Aikidō sans concession accompagna, a changé mon regard sur le monde, ou plutôt, lui a apporté une acuité qui jusqu’alors avait rencontré quelques difficultés à s’exprimer clairement en moi.

Il est aussi indéniable que l’Aikidō, dans sa pratique pure, son approche traditionnelle, son entraînement intensif et sa méditation régulière, permet d’accéder à un champ plus large de la connaissance spirituelle et de notre rapport à l’univers.
C’est ce en quoi, l’Aikidō m’a beaucoup aidé et continue à m’apporter cette profondeur dans la conception de ma photographie.

Je ne saurais qu’être très reconnaissant envers Armand Mamy-Rahaga et Michel Kovaleff qui, par leur pratique d’un art martial juste et intransigeant, m’ont aidé à trouver un chemin dans ma réflexion, et reprendre mon travail photographique avec cette force que nous donne l’Aiki.

Koh Chang 2002 © Éric Petr
Douzième pose d’un tout premier film photo réalisé après dix ans d’arrêt complet de la pratique photographique.

C’est donc en décembre 2002 que j’ai repris la photographie après ces dix années d’interruption, là où je l’avais arrêtée en 1993, mais avec une cohérence plus structurée que celle que mon travail des années 80 avait su produire.

La rencontre se fit par la contingence d’éléments heureux avec un Pocket Instamatic Kodak jetable de 12 poses, qu’un périple en Thaïlande vers le Cambodge avait initié. 
Ce fut douze grands moments d’émotion !
Seulement douze photos prises au cours d’un voyage au bout du monde, c’est juste retenir son souffle jusqu’à la fin.
Lors de ce voyage-là, j’appris à prendre le temps, à chercher dans mon inconscient le souffle déclencheur du déclic photographique, la jouissance du déclenchement.
Je compris alors que la photographie est, avant tout, l’écoute de notre univers.

Les premiers travaux photographiques que j’ai réalisés à partir de 2003 (Tōkyō under the rain_2oo3, Bangkok_2oo4, TrAveRséE2nUiT_2oo4, Windows_2oo5, et d’autres), constituent les bases et les fondements d’un savoir acquis au cours de cette décennie d’interruption de la pratique photographique.

Les trois images de 2005 que je vous présente aujourd’hui, sont très représentatives de mon style. Ma photographie compose à la fois avec la lumière comme premier constituant de l’œuvre mais se distingue aussi par sa capacité à capter les détails les plus subtils d’une scène ou d’un lieu pour transformer les objets visibles et à en magnifier leur perception secrète. À travers ce regard, chaque image devient une sorte de poème visuel, où l’invisible prend forme, et où le spectateur est invité à découvrir un monde qui lui est propre tout en restant connecté à l’expérience humaine universelle.

Ces images extraites de ma série Hong Kong by night, de février 2005, tentent de reproduire l’atmosphère ineffable des villes d’Asie en apportant, et ce qui fera ma signature de photographe, cet aspect de matière lumineuse dense et poétique, cette ambiance onirique et cette sensation d’intemporel.
Bien que ces images aient été prises il y a vingt ans, leur force nous fait oublier justement la faible qualité de l’appareil photographique numérique utilisé à l’époque, ce qui demeure une prouesse.

Hong Kong by night, février 2005 © Éric Petr

Mon travail photographique se poursuivra sans discontinuer dans le cadre de cette réflexion sur la lumière, le mouvement, l’espace et le temps.
J’ai nommé ce processus photographique, pour le définir : « la photographie cinétique in situ » ou « in situ kinetic photography ».

Ce travail se poursuit aujourd’hui avec mes Variations de Lumière mais encore, et toujours, avec 光 (Hikari), Métamorphoses ou mes Spirituelles Odyssées qui ont donné naissance à la publication d’un livre numéroté et signé en 2016, chez Corridor Éléphant, Éditeur de photographies contemporaines.

Ce travail sur la lumière et le mouvement, que j’ai commencé à diffuser sur les réseaux sociaux à partir de 2010, demeurait jusqu’alors très méconnu de la pratique des photographes et du public. Mes très nombreuses publications ont alors donné place, petit à petit, à un courant photographique que d’autres photographes, à leur tour, ont repris et développé de leur côté, puis nommé dans les années 2015 « Intentional Camera Movement ».

Je suis heureux de faire partie des tous premiers investigateurs de ce mouvement photographique, et pour n’en citer que quelques-uns qui m’ont précédé, Kōtarō Tanaka (1905-1995), Ernst Haas (1921-1986), et aussi mon contemporain Alexey Titarenko (né en 1962), ayant pour sa part spécifiquement travaillé sur les foules en mouvement.

Je m’inscris personnellement comme photographe ayant concentré tout mon travail et mes efforts au cours de ma vie dans cette principale réflexion de l’image en mouvement, en créant un style tout à fait unique.

Hong Kong by night, février 2005 © Éric Petr

DE L’ « ICM » VERS LA « IN SITU KINETIC PHOTOGRAPHY »

Bangkok 2oo4 © Éric Petr [Intentional Camera Movement]

« in situ kinetic photography »
premier principe d’un manifeste

J’ai démarré la pratique de la photographie en 1983, et pendant dix années, j’avais cette idée de développer une recherche et une esthétique basées sur la lumière pure, et l’impact que la lumière peut avoir sur notre esprit, notre pensée, et notre perception de l’univers. 

J’ai repris ces travaux en 2003, après une rupture de la photographie entre 1993 et 2003.
Néanmoins, ma réflexion sur l’image a nourri cette période d’inactivité, qui s’est avérée très riche et très constructive pour mon travail photographique, par la suite.

Dix ans plus tard, en 2003 donc, après avoir longuement pensé à l’image, son rôle, et son pouvoir, j’ai poursuivi mon travail photographique sur la lumière, en tant que plastique ou matière, avec un regard nouveau.

« Bangkok 2oo4 » et d’autres ouvrages de cette même période, montrent un travail qui s’est inspiré de ce temps de réflexion, d’introspection et de maturation.

Cette photographie qui, en cette nouvelle ère de l’image numérique, n’était pas encore précisément nommée, le fut une décennie plus tard, sous le nom de ICM (Intentional Camera Movement).

光 0x1853AC © Éric Petr, 2020 [in situ kinetic photography]

Au XXe siècle, quelques photographes ont consacré une partie de leurs œuvres à cet aspect technique de la photographie en mouvement, tels que, pour n’en citer que quelques uns, Kōtarō Tanaka (1905-1995), Ernst Haas (1921-1986), et Alexey Titarenko (né en 1962), ayant pour sa part spécifiquement travaillé sur les foules en mouvement.

Au début des années 2000, mon travail sur l’image en mouvement, avec l’idée de peindre avec la lumière sur mon film ou mon capteur, est d’une approche très contemporaine, et demeure en marge. Il fut aussi acquis grâce à la pratique d’un Aikidō traditionnel et exigeant, qui enseigne la fluidité des éléments, la connexion avec le cosmos et la compréhension du mouvement et du corps dans l’espace.

Mon travail, dont le principe repose sur le mouvement intentionnel, a aujourd’hui évolué en apportant à l’ICM un champ plus étendu, que j’appelle la « in situ kinetic photography », ou en français, « photographie cinétique in situ ».
La « in situ kinetic photography » apporte au « mouvement intentionnel de caméra » un champ plus large et tient compte de différents axes et plans, in situ, pour une même exposition qui oscille de quelques secondes à quelques minutes.

La « in situ kinetic photography » s’apparente à l’échographie d’un lieu qui se réalise comme un micro-métrage, mais qui s’enregistre sur une seule image. Il ne s’agit donc ni d’expositions multiples, ni d’un travail en post-traitement. Sa photographie s’inscrit dans le domaine de l’abstraction, ou de l’abstraction subjective. Son écriture se fait avec la lumière et les photons en constituent son alphabet. Son langage est cosmique, son style onirique et son esthétique plasticienne.

Cette photographie s’apparente à la peinture dans le sens où elle se construit sur place en composant les éléments qui s’ajoutent à l’image. Le pinceau ou le crayon est le rayon lumineux qui contient la matière et l’énergie des ondes électromagnétiques, tandis que la toile ou le papier est la pellicule argentique ou le capteur de l’appareil photo. Contrairement au peintre ou au calligraphe, ce n’est pas le pinceau qui se déplace, mais le support, c’est-à-dire l’appareil photographique. C’est aussi, en ce sens, que l’intention de la « in situ kinetic photography » n’est en rien celle du « light painting », même si l’on peut observer certains points communs.

Pour cette photographie, composée in situ, des éléments très dispersés sur le lieu sont choisis avec soin pour composer un tableau photographique. Après une analyse des temps permettant l’ajout des éléments à photographier, le photographe devra déterminer précisément la vitesse de l’obturateur, l’ouverture de la focale, et la sensibilité du film, en fonction des éventuels filtres ajoutés.

Pour la « in situ kinetic photography », l’intention n’est plus le mouvement, comme dans le « mouvement intentionnel de caméra », mais celle de construire une image abstraite avec une densité plastique qui suggérera la superposition des états quantiques d’un point géographique que la lumière traverse au cours de son odyssée infinie.

Éric Petr | 0xB09FE203
Le combat des Amazones | Métamorphoses 0xB09FE203 © Éric Petr, 2019 [in situ kinetic photography]
Éric Petr | 0x480DF803
光 0x480DF803 © Éric Petr, 2014 [in situ kinetic photography]
Éric Petr | 0x7077 Variations de Lumière opus 0 (Nikon F3) Le Lavandou Années 80
Variations de Lumière opus 0, Le Lavandou 1980’s © Éric Petr | Nikon F3, film Kodak
Variations de Lumière opus 5 [Triptyk 2021] 65x300cm © Éric Petr [in situ kinetic photography]

LA PHOTOGRAPHIE ARGENTIQUE AU XXIe SIÈCLE

Église Saint Trophime, Arles – Éric Petr, 2024 | Nikon F3T, Nikkor H85 f1.8 & Ilford Delta 100

Dans les années 90, j’ai arrêté la photographie après dix années de passion.

Ces années-là, la photographie numérique est arrivée et a supplanté la photographie argentique en quelques années seulement.
Un raz de marée qui secoua toute une industrie. De cette époque, tous les photographes auront quelque chose à dire, et souvent pour raconter un moment douloureux. 

Pour ma part, une grande tristesse s’empara de moi. J’ai enterré mon matériel et mon travail comme pour oublier à jamais cette passion pour laquelle j’avais consacré tant de temps et pour laquelle tout me semblait disparaître à jamais.

Dix ans plus tard, je revins tout doucement sur la scène de l’image comme un accroc revient à sa drogue. 

C’est avec le Nikon Df, en 2013, que j’ai retrouvé les plaisirs perdus de l’argentique.
Cet appareil photographique me semblait répondre au plus près de la pratique argentique, non pas dans le processus, mais plutôt dans le ressenti de la prise de vue. Le Nikon Df est ce genre de succédané que les personnes addictes peuvent prendre pour duper leur corps et leur esprit. Mais bien sûr, le ressenti n’est que trompeur et, malgré tout, insatisfaisant.

Il fallait en arriver là, pour fermer la boucle et, pour ressortir le vieux matos des années 80, recouvrer les sensations divines de l’argentique et continuer la route avec ses premiers amours. 

Aujourd’hui, je ne prends plus de plaisir avec le numérique et il devient pour moi, essentiel, de poursuivre ma quête là où mon radeau s’est échoué. 

⚪️ Cliquez sur les images pour les voir dans le détail du grain argentique ⚪️

En allant à Arles – Éric Petr, 2024 | Nikon F3T, Nikkor NC24 f2.8 & Ilford Delta 100

Sans doute est-il difficile pour beaucoup de comprendre cette relation avec l’argentique. Mais l’argentique, en photographie, est un outil extraordinaire !

En prise en main, vous aurez l’impression de passer d’une voiture moderne à une voiture vintage, sans plus aucune assistance. 

Vous shooterez et ne vous soucierez plus de vérifier si votre photographie a bien été prise. Votre geste et votre technique, avec l’argentique, devront être irréprochables sinon, toutes vos images seront à jamais perdues. 
L’argentique est une technique sans filet qui ne permet nullement l’erreur. 
La concentration est totale et le choix de shooter, prend alors toute sa valeur et sa signification.  
Vous choisirez votre pellicule en fonction du travail que vous souhaiterez réaliser, et il en ira de même, pour ce qui est du développement du film avec les différents révélateurs et temps de pose qui apporteront tel ou tel style à votre image. 

Et puis l’argentique, c’est ce grain ! Ce grain magnifique, qui n’est pas le résultat d’un processus d’enregistrement numérique d’ondes électromagnétiques au travers un filtre passe-bas, mais bien celui d’un processus photochimique de l’exposition de la lumière à une émulsion de cristaux d’halogénure d’argent. 

Le résultat plastique est tellement différent ! 

Approchez, entrez, pénétrez en zoomant dans une image argentique et apercevez ces nuées de cristaux de couleurs ou de teintes de gris infinies, comme les points d’une gravure à l’eau-forte ou encore les particules que composent les amas stellaires. 

Ressentez là, toute beauté de l’image argentique !

Autoportrait – Éric Petr, 2024 | Nikon F3T, Nikkor NC24 f2.8 & Ilford Delta 100

Depuis quelques années, je constate avec émerveillement, mais aussi avec beaucoup de joie, que la photographie argentique revient petit à petit sur la scène, non pas comme une utilisation de masse, mais comme une pratique alternative à la création.

Généralement repris par une jeunesse curieuse de ce medium, la photographie traditionnelle renaît de ses cendres pour occuper le champ artistique, et de nombreuses activités associées se sont parallèlement développées, comme des laboratoires de développement de films et de tirages sur papier photosensible, des formations à la photographie argentique, des petites maisons d’édition dédiées aux auteurs de cette photographie ancienne avec un regard nouveau, mais aussi de nombreux magasins de matériel d’occasion et de pellicules argentiques de tous types.

Alors, au 21e siècle, photographie argentique ou photographie numérique ?

Au-delà de ce choix, la photographie est un engagement, une manière de voir, de ressentir et décrire le monde qui nous entoure.  

TÉMOIGNAGE :「 AU DÉBUT, J’ÉTAIS SCEPTIQUE ! 」

zz_fragments_2017 détail © Éric Petr Blog
#fragments_2017 détail © Éric Petr

Au début, j’étais sceptique !

« Au début j’étais sceptique ! À cette époque, pendant les rares moments où nous passions du temps ensemble, j’apercevais de loin quelques photos dans la visionneuse de son appareil. Je trouvais qu’elles étaient floues et/ou difficiles d’accès. Je lui faisais un joli sourire comme on fait aux enfants lorsqu’ils croient avoir dessiné la septième merveille du monde, et je n’allais pas plus loin.
Je pense qu’il n’était pas dupe, et il a dû sentir plus d’une fois, à l’époque, ce côté un peu ironique de mon regard. ごめんなさい、兄 (‘o^^o)

Un jour, il fit appel à mes capacités en infographie.
Ainsi, pour la première fois j’ai REGARDÉ !
La photo était en grand ; c’était magnifique !
Je fus emplie d’un je ne sais quoi de très fort. Ces nuances de noirs et de blancs vibraient en moi.

Lorsqu’il m’a demandé d’écrire une critique sur sa dernière série, ce fut pour moi un honneur, et un réel plaisir de partager mes émotions avec lui.
J’y ai vu aussi toutes ses années de travail pour arriver à ce niveau de maîtrise de son art. C’est vraiment hallucinant !
D’abord incrédule, puis conquise, je peux vraiment témoigner de l’intérêt qu’il y a à s’arrêter quelques minutes devant son talent. »

Ce magnifique et touchant témoignage est celui de ma petite sœur, infographiste, qui m’épaule dans certaines de me réalisations qui surpassent mes compétences. Ce jour-là, elle intervenait sur mon triptyque #fragments_2o17 (2 photographies de 150x26cm et 1 photographie 14x18cm).

Ce n’est pas la première fois que l’on me confie de telles révélations, ce qui m’amène à penser que la perception de mon travail photographique requiert un certain temps d’assimilation avant qu’il ne soit pleinement apprécié.

L’ART IMITE LA NATURE | RÉFLEXIONS ART & PHILO

zzb Rencontre Art et Philo CNFAP | Blog
Rencontre/Échanges Art & Philosophie avec le CNFAP et l’ICP à La Grande Vitrine à Arles le 28 mars 2023

Cette Rencontre Art & Philosophie organisée par le Conseil National Français des Arts Plastiques, une ONG auprès de l’UNESCO, en lien avec l’IPC (Faculté de Philosophie et de Psychologie de Paris) qui s’est tenue à la Galerie de la Grande Vitrine à Arles, où j’ai eu le plaisir de présenter mon travail ainsi que sa construction, intellectuelle et mécanique, en écho à la thématique « L’Art imite la Nature », fut une très belle soirée avec des échanges intéressants et une intervention passionnante du philosophe Pierre Durrande qui animait la rencontre.

zzb VdL opus 1 : Rencontre Art et Philo CNFAP | Blog
Octoptyque Variations de Lumière opus 1 (2017) 20x200cm © Éric Petr
zzb mAtrix : Rencontre Art et Philo CNFAP | Blog


J’ai présenté ce soir-là une photographie argentique tirée sur papier Hahnemühle Rag 310g [光 0x12B2B] de 2020 (50x50cm),

un de mes kakémono sur bâche Ferrari de ma série mAtrix présentée aux « Rendez-vous aux Jardins 2018 »,

ainsi que mon octoptyque Variations de Lumière opus 1 de 2017 qui fut exposé à la Galerie 1905 de Shenyang en 2019.

Capt_Img Bouton Vidéo Art et Philo web © Éric Petr Blog
Vidéo : extrait de la Rencontre Art & Philosophie du 28 mars 2023


Je propose dans cet article, un résumé de la présentation que j’ai faite sur mon approche photographique.
Tout d’abord, pour rapprocher mon travail de la thématique « L’art imite la Nature », je tiens à préciser que ma réflexion sur l’image est au cœur de la nature au sens large du terme et l’homme prend sa place, dans ma photographie, à l’endroit où se situe la rencontre entre le spectateur et l’image ; l’image étant ainsi le reflet de notre mémoire cosmique et universelle.

Bien que mes images soient d’inspiration abstraite ou dans la suggestion de volumes identifiables par le principe de la paréidolie, elles évoquent la nature et le cosmos en lien avec l’être.

Dans son principe général, mon travail photographique interroge l’idée de temps et d’espace.
Il est tout à la fois une recherche sur l’essence de la lumière, la lumière en tant que matière, cette matière lumineuse dans sa dualité corpusculaire et ondulatoire (composée de photons ou d’autres particules élémentaires) qui nous parvient du fin fond de l’univers, chargée d’une mémoire cosmique incommensurable.

Je suis convaincu que cette matière, lorsqu’elle entre au contact de l’être (et l’être quel qu’il soit et la nature en fait partie), se transforme en énergie, vitalité et mouvement.
Et c’est précisément ce phénomène de transformation (c’est à dire, cette matière ou onde qui subit une déformation au contact de l’être) qui m’inspire, me fascine et qui est à la source de mon écriture photographique.

Et par l’enregistrement sur mon film de cette matière cosmique, je m’attache à exprimer ce qui est inexprimable, à dire ce qui est indicible ou à montrer ce qui est invisible.
Cette matière lumineuse aussi, en percutant mon film, vient y écrire en quelque sorte des bribes de cette mémoire universelle, comme si chacun des photons qui a percuté mon film se transformait, tout à coup, en l’alphabet d’un idiome cosmique.

Ainsi, les métamorphoses visuelles qui naissent de mes images, sont in fine, le résultat de ce processus de transformation photographique, et elles invitent tout naturellement le lecteur à s’évader dans cette matière visuelle sans qu’il ait pour autant conscience de cette transformation.

On dit que l’observation de l’univers impose certaines limites dans notre perception de la réalité ou notre compréhension de la nature. C’est tout à fait vrai !

Pour exemple, si nous considérons une étoile, c’est bien que ses photons qui l’ont quittée, il y a des millions d’années lumières, percutent notre rétine à un instant T de son interminable parcours.
Et cela ne nous amène-t-il pas tout naturellement à nous demander ce qu’elle est devenue depuis que ses photons s’en sont échappés pour venir jusqu’à nous ?

À l’instar de cette métaphore, ma photographie vient aussi questionner les mystères de la nature.

Donc, d’un point de vue poétique et artistique, je dirai que ma photographie est peut-être comme une odyssée des grandes inconnues de notre univers et des secrets qu’il renferme.

En somme, j’aimerais que mes images suscitent en chacun de nous, l’idée que nous sommes traversés par une énergie qui vient de l’infini et qui se propage indéfiniment vers ce même infini, comme l’évocation d’un cycle énergétique et, qu’au contact de cette énergie, il se produit en nous quelque chose d’immensément puissant et beau, que je m’efforce, par l’image, de révéler.

Pour finir, je pense que ma photographie n’est pas en soi une imitation ou une retranscription de la nature, mais serait plutôt l’échographie de celle-ci, où les murmures et les vibrations de l’univers viendraient graver sur mon film, leur merveilleux écho.

zzb 光 0x12B2B © Éric Petr blog
Tirage HA B&W Rag 310g | Nikon F3 Nikkor nonAi 135mm f2.8 Ilford HP5

ART & PHILOSOPHIE @ CNFAP | RENCONTRES & ÉCHANGES ARLES


Patrick SEARLE et Alain WATELLIER de la Galerie LA GRANDE VITRINE à ARLES organisent depuis 2022 des RENCONTRES/ÉCHANGES ART & PHILOSOPHIE en partenariat avec le CNFAP et l’IPC de PARIS et j’aurai le plaisir de vous y retrouver en tant qu’artiste intervenant, lors de la prochaine rencontre, le mardi 28 mars 2023 à partir de 18h30. 

La rencontre sera animée par le philosophe Pierre DURRANDE sur la thématique “L’Art imite la Nature” et je montrerai en quoi mon travail sur l’abstraction s’inspire de la Nature.

Les places étant limitées, je vous invite à réserver la vôtre en contactant la Galerie LA GRANDE VITRINE.

Tirage HA B&W Rag 310g | Nikon F3 Nikkor nonAi 135mm f2.8 Ilford HP5

RENCONTRES / ÉCHANGES ART & PHILOSOPHIE

“L’Art imite la Nature”

Une rencontre, organisée par le CNFAP et la Galerie La Grande Vitrine, animée par le philosophe Pierre DURRANDE où le photographe Éric PETR présentera sa démarche artistique.

mardi 28 mars 2023 
commence à 19h 

LA GRANDE VITRINE

Galerie d’Art
12, rue Jouvène 
13200 ARLES

[réservation obligatoire auprès de la galerie]

IL N’Y A PAS DE HASARD MAIS SEULEMENT DES SYNCHRONIES

Le combat des Amazones | Métamorphoses 0xB09FE203 © Éric Petr, 2o2o

« Mon travail est une réflexion sur ce qu’est la lumière ; il est une quête de son essence.

J’emprunte la lumière dans sa forme primitive en tant que matière première pour asseoir toute l’architecture de ma photographie. La lumière n’est pas utilisée dans ce qu’elle peut montrer ou éclairer ce qui nous entoure, mais seulement dans ce qu’elle est dans sa nature ondulatoire ou corpusculaire.

Je vais façonner de telle sorte que le filtrage, la réflexion ou l’éblouissement de celle-ci va redéfinir l’espace dans lequel je suis, pour proposer une autre perception du monde.

Je pose la question de ce que notre perception ne serait en fait qu’un placement de nous-mêmes par rapport à l’univers et par conséquent, notre propre compréhension de la réalité, ou plutôt d’une réalité.

Mon travail s’inscrit dans une recherche méditative et je me détache de toute introspection. J’aime l’idée d’être traversé par les atomes et me sentir si vaste que je me sens à la fois, partout dans le lieu et concentré sur un seul point, là où se trouve mon appareil photographique. Ce sont les poses longues qui vont enregistrer la vibration d’un lieu, sa résonance atomique ou son atmosphère indescriptible et comme un film dont le temps s’inscrit sur une seule image, l’histoire s’écrit selon la diction d’une scénographie et d’une gestuelle dont l’inspiration sera en accord avec les éléments du lieu.

Dans mon travail sur les « Métamorphoses », la lumière intervient de telle manière sur la réflexion des objets, que leur mise en scène in situ crée des figures, tels des corps en dilatation composés d’éthers flottant et se dessinant en volumes complexes et déstructurés que l’image au développement restitue comme une possible réalité.

Ces corps n’appartiennent ni au temps, ni à l’espace, ni à notre monde mais ils ne sont qu’agrégats de matière, d’ondes et de particules élémentaires en perpétuel mouvement pour venir percuter à un instant T mon négatif.

Mon écriture photographique est directe, c’est-à-dire qu’elle est en relation étroite avec la matière. Elle naît de la rencontre d’un instant fixé sur le fil de l’intemporalité entre l’être et l’univers. C’est ce que l’on pourrait nommer le trait d’union entre Ciel et Terre.

Il n’y a pas de de hasard mais seulement des synchronies. La rencontre avec DF Art Project est de cet ordre. Jamais, je n’aurais pensé qu’il y eût autant d’affinités.

Si cette belle rencontre avec le Déstructuralisme Figuratif s’est produite, c’est que tous les éléments étaient réunis pour que mon travail vienne apporter sa petite pierre à l’édifice. Puis DF Art Project est avant tout un regroupement d’individus autour d’une réflexion sociétale sur l’être et les infinies possibilités de transgresser sa forme par une fragmentation de la figure. Tout un pan de mon travail entre en consonance avec ce discours où les figures dilatées et en pleine expansion de mes images interrogent très justement sur la conceptualisation de cette forme et sur leur réalité quantique. »

par Éric Petr

À propos du Déstructuralisme Figuratif

La structure DF Art Project que représente le mouvement Déstructuralisme Figuratif, est un collectif d’artistes plasticiens vivants partageant une vision de l’art qui leur est commune et par laquelle le travail artistique s’oriente vers une fragmentation du réel, une mise en perspective de celui-ci par sa distorsion et/ou sa transformation dynamique.

Au travers cette conceptualisation, les artistes se positionnent face à l’individualité grandissante, l’abandon des échanges humains et le repli sur soi, dans une démarche introspective valorisant le questionnement, le multidimensionnel, l’irréel qui éclate et plus généralement la création de nouvelles interactions moins humaines et plus virtuelles.

Ces perceptions visent à révéler, dans une sorte de cri optimiste, une situation, sans doute générationnelle, d’une société globalisée en mutation face à un futur incertain, toujours changeant.

Par son témoignage artistique, DF Art Project défend une réflexion sociale où les réelles possibilités d’émancipation de l’homme, comme l’autonomie de son imaginaire, se redéfinissent.

https://df-artproject.com

DIFFRACTIONS

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光 0x3877BF03 © Éric Petr, 2017

Dans mes images, la matière visuelle est redéfinie, les objets sont décomposés pour être réassemblés selon des volumes et des plans complexes, redonnant une nouvelle conception de notre vision du monde.

Pablo Picasso changeait par son regard expressif, la perception des objets et l’espace qui nous entoure pour surprendre et interroger le spectateur.

À ma façon, je recompose notre perception du monde en une retranscription des informations ressenties dans un langage fait de matière visuelle.

Les vibrations ou les impressions que je ressens en certains lieux sublimes, sont capturées par le prisme (ou le pentaprisme) de mon appareil photographique pour prendre forme dans le champ de notre perception visuelle, tout comme les ondes lumineuses (cette matière informe de particules élémentaires) qui passent à travers le sténopé d’une boîte noire pour prendre forme à nos yeux par leur simple diffraction.

En quelque sorte, il s’agit de suggérer au lecteur de ressentir ce qui est, plus que de voir ce qui était.

A priori, la lecture ne semble pas directe mais au fur et à mesure que l’on découvre mes images, on trouve petit à petit les clés nécessaires à leur lisibilité et leur compréhension.

Dans une époque où l’on a besoin de comprendre tout immédiatement, où le temps rythme et ordonne nos émotions, l’intemporalité de mes photographies presse l’observateur à s’arrêter, à suspendre son temps, à faire abstraction de son quotidien pour pénétrer les multiples strates de mes images et libérer son subconscient.