ENTRETIEN AVEC PIERRE LÉOTARD

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Spirituelles Odyssées 0x98149404 (couverture du livre) © Éric Petr

Entretien de Éric Petr
par Pierre Léotard
directeur éditorial de Corridor Éléphant

Corridor Éléphant : Comment êtes-vous arrivé à la photographie ?
Éric Petr :  Il faisait froid, il y avait de la neige, je m’en souviens comme si c’était hier, nous étions heureux et joyeux, il faisait chaud dans nos cœurs, nous étions devant la jolie maison de mes grands-parents, je me souviens encore de son sourire très communicatif, de ses grosses lunettes, de son intelligence exceptionnelle, nous étions tous les deux, il me montrait comment faire des photos avec une boîte noire, c’était magique, je venais d’arriver à Paris, j’avais la nostalgie de mon pays, l’odeur du romarin et des pins, les fragrances de l’humus grillé par le soleil me manquaient déjà, j’avais sept ans, c’était mon père.

Vous définissez-vous comme photographe  ?
Non, absolument pas.

Pourquoi le choix de ce média  ?
Quand je colle mon œil au viseur d’un appareil photographique, la magie s’opère.  Tout à coup, le monde qui m’est révélé à travers la visée reflex de mon appareil, prend une dimension étrange, différente, insolite ; comme le regard d’un astronaute qui, depuis l’Espace, observe sa planète avec recul et beaucoup d’émotion. C’est probablement cet effet magique qui m’a toujours fasciné, avec ce média.

Pourquoi photographier la lumière  ? 
La lumière est la matière qui recouvre mon pinceau et vient écrire une histoire sur le négatif.  Je ne la photographie pas ; elle est l’essence même de mes images.  La question serait plutôt : « Pourquoi cherchez-vous à voir ce que voit la lumière ? » Je vous répondrais alors : « Pour essayer de comprendre ce que l’on verrait si l’on transcendait la vitesse de la lumière » Un rêve ? Bien sûr !

Que donne à voir votre travail  ?
Quand vous regardez mon travail, il n’y a pas grand chose à voir mais beaucoup à ressentir.  Ma photographie n’est pas celle de l’esprit mais celle de l’instinct, celle d’une énergie qui me traverse et s’accomplit. 

Pourriez-vous nous expliquer votre démarche  ? A-t-elle une philosophie  ?
Ma photographie est un dialogue entre le ciel et l’homme.   Elle est une réflexion sur l’essence de la lumière. Elle est une variation sur les « relations d’incertitude » de Werner Heisenberg qui questionnent sur ce que la théorie de l’observation de l’univers imposerait certaines limites à notre perception du réel. Elle montre la fragilité et la beauté de la vie.

Diriez-vous de vos photographies qu’elles sont faciles d’approche  ? À qui sont-elles destinées ?
Ma photographie est facile à comprendre, si vous ne cherchez pas à la comprendre et que vous vous contentez de la ressentir.  Partant de cette idée, je pense qu’elle est accessible à tous.  Pourtant, je constate que l’on essaie souvent de chercher l’élément qui ramènera l’image à la réalité comme pour apporter une réponse à l’absence ou au vide. Ce regard sur ma photographie ne me dérange pas, bien au contraire, il me fait découvrir mes œuvres comme jamais je ne les ai pensées. 

Qu’est-ce qu’un artiste  ?
La définition de l’artiste a beaucoup changé au fil de l’histoire de l’art, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours.  Cette notion est aujourd’hui assez controversée et il existe beaucoup de points de vue différents.  A mon sens, l’artiste exerce, consciemment ou inconsciemment, un regard critique sur la société contemporaine et sait en restituer l’écho par un message sublimé dont la lecture se fait au travers d’un médium dont il maîtrise la technique.

Pourriez-vous nous résumer votre parcours artistique  ?
La photographie a toujours été pour moi le refuge où je pouvais projeter ma pensée dans une forme libre. Au début, il s’agissait d’exprimer des formes insolites. Puis m’est venue plus tard l’idée que ces formes ne devaient plus être définies par le cadre ; elles devaient s’en échapper pour aller au-delà de cette contrainte. Aujourd’hui et depuis  quelques années, ma forme cherche à exprimer l’indicible, non pas par des mots écrits d’une plume d’encre mais par des formes sculptées par la lumière.


Entretien publié dans mon livre de photographies 
« SPIRITUELLES ODYSSÉES »
édité chez CORRIDOR ÉLÉPHANT en série limitée, numéroté et signé

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