
Les objectifs Nikkor F Non-AI ou Pré-AI, bien qu’ayant une monture physiquement identique à celle des modèles AI et AI-s, ne sont pas toujours compatibles électroniquement ni mécaniquement avec les boîtiers Nikon plus récents, notamment numériques, en raison de l’absence de couplage automatique du diaphragme.
Un petit éclairage… ? Alors, allons-y !
Tout d’abord, faisons un petit résumé sur l’évolution des appareils Nikon depuis la création de la firme Nippon Kōgaku Kōgyō en 1917.
Le nom Nikkor (ニッコール) a été déposé en 1931 par Nippon Kōgaku Kōgyō pour désigner sa ligne d’objectifs photographiques de haute précision.
Dans les années 1930 et 1940, ces objectifs ont été notamment utilisés par la société Canon (alors Seiki Kōgaku) pour ses premiers appareils, comme le Hansa Canon, tandis que Leica et Contax utilisaient exclusivement leurs propres optiques allemandes.
Ce n’est qu’en 1948, que la firme Nippon Kōgaku Kōgyō (depuis 1988 rebaptisée Nikon), a sorti son premier appareil photographique.
À ce sujet, je vous invite à consulter mon article :
Le premier appareil photographique Nippon Kōgaku Kōgyō, fut le Premier NIKON ー LE MODELE 1 ー et non, le Nikon 1 qui est un hybride numérique de 2011.
Le NIKON MODELE 1 est sorti officiellement en mars 1948.
C’était un télémétrique au format 24×32 mm, équipé d’un objectif Nikkor 50 mm f/3.5 à baïonnette. Sa mise au point s’effectuait par estimation de distance, car il ne possédait pas encore de télémètre couplé. Il a été produit à environ 700 exemplaires et en fait une pièce de collection exceptionnelle !
Suivi du Nikon M, en 1949, avec 17.000 appareils sortis de l’usine, le format du boîtier s’est légèrement agrandi avec son nouveau 24x34mm.
Un an plus tard, en 1950, c’est le Nikon S qui fait la renommée internationale de la firme avec plus de 37.000 exemplaires vendus. Le Nikon S sans changer son format de 24x34mm fut proposé avec 3 objectifs fixes : 35mm f2.5, 50mm f1.4 et 85mm f1.5.
Mais c’est en 1953 que le Nikon S2, apparaît sur le marché avec une véritable avance technologique sur son temps : une vitesse d’obturation à 1/1000e de seconde, un viseur télémétrique au rapport 1 et collimaté, et enfin un format de film 24x36mm standardisé aux standard Kodak et Kodachrome. Bénéficiant d’une gamme d’objectifs de la série S, il devient très prisé des photographes et près de 60.000 exemplaires furent vendus.
Puis la gamme des appareils télémétriques s’étendra au Nikon S3, Nikon S4, et enfin au Nikon SP sorti en 1957 pour réagir à la sortie du Leica M3 (1954) qui introduisait sa monture M à baïonnette, remplaçant celles à vis des Leica L39, M39, M42).
Le Nikon SP est une véritable prouesse technologique qui fera définitivement la renommée de Nippon Kōgaku Kōgyō.
Tous ces appareils, de 1948 à 1957, étaient à visée télémétrique. Ce qui signifie que le cadrage de l’image se faisait depuis une lentille de visée appelée « télémètre », située tout à côté de l’objectif, mais dont le principal défaut était de créer un décalage entre la visée de l’objectif et celle du télémètre, engendrant un effet de parallaxe, qui avait pour effet de produire des images dont le cadre était légèrement différent de celui observé par le photographe au moment de la prise de vue.
En 1959, la firme Nippon Kōgaku Kōgyō sortit son premier et légendaire Nikon F au format 24x36mm à visée réflexe que nous connaissons aujourd’hui, et sa nouvelle gamme d’objectifs à monture F dotés d’un couplage boitier/objectif permettant de les faire communiquer entre-eux pour obtenir des réglages plus rapides. De plus, un obturateur en titane, au lieu du fragile tissu, apporta une durabilité dans la précision et la fiabilité de la prise de vue.
Bien que la visée réflexe ait été mise en œuvre en 1933 avec la marque Allemande Exakta, et connue depuis la fin du XIXe siècle, elle demeurait onéreuse et compliquée dans l’utilisation. Elle s’est cependant rapidement répandue à toute les marques vers l’année 1959 avec un prisme en toit, permettant une visée directe à travers l’objectif, sans parallaxe ni inversion de l’image.
C’est ainsi que, depuis 1959, les objectifs Nikkor F utilisaient un système de couplage par « oreilles » en métal qui devait être manuellement aligné avec le posemètre des boîtiers Nikon. Une révolution !
C’est plus tard, en 1977, qu’un nouvel objectif révolutionnaire apparut, appelé Objectif AI (Automatic Indexing ou Indexation Automatique).
Les objectifs sortis entre 1959 et 1977, furent alors appelés « Objectifs Nikkor F Pré-AI ou non-AI » (Non-Automatic Indexing Nikkor F lenses), pour les différencier des nouveaux objectifs Nikkor F AI, puis Nikkor F AI-s à partir de 1981.
Ce système d’indexation automatique AI apportait une meilleure communication entre le boîtier et l’objectif, supprimant notamment le dispositif de bague de diaphragme avec des « oreilles » métalliques (rabbit ears) qui devaient être manuellement accrochées au boîtier en le faisant tourner de butée en butée pour que l’appareil « comprenne » l’ouverture maximale de l’objectif.
Il apportait aussi un couplage direct avec le boîtier grâce à une came AI située sur la bague de diaphragme, qui transmettait l’ouverture maximale de l’objectif au posemètre. Le changement d’objectif s’en est trouvé également facilité, et l’exposition fut rendue plus fiable.
Si les objectifs AI et AI-s fonctionnent avec une grande majorité de boîtiers numériques, même ceux de la série des Nikon Z avec une bague d’adaptation FTZ modifiée, il n’en est pas ainsi de même pour les objectifs Non-AI ou Pré-AI.
Quelles sont les appareils Nikon compatibles ou non avec Non-Ai ou AI ?
Boîtiers Nikon Pré-AI
Nikon F (1959)
Nikon F2 (1971)
Nikon Nikkormat FT (1965) ー FTN (1967) ー FT2 (1975)
Nikon EL (1972)
Boîtiers Nikon AI et AI-s compatibles Non-AI
Nikon Nikkormat FT3 (1977)
Nikon EL2 (1977)
Nikon FM (1977)
Nikon FE (1978)
Nikon F3 (1980) & F3T
→ peuvent être utilisés avec des objectifs Non-AI uniquement en mesure à ouverture réelle (stop-down metering), c’est-à-dire en fermant manuellement le diaphragme à l’ouverture de prise de vue. Il est impératif, dans ce cas, de replier le levier de couplage AI (aussi appelé levier de came photométrique) vers l’extérieur du boîtier afin d’éviter tout risque de dommage mécanique lors du montage de l’objectif Non-AI, qui n’est pas prévu pour l’actionner. Pour repousser ce levier, vous devez appuyer sur un petit bouton pressoir tout à côté, et qui permet son repli.
Boîtiers Nikon AI et AI-s non compatibles Non-AI
Nikon FM2 (1982)
Nikon FE2 (1983)
Nikon F301 (1985) : appelé N2000 aux États-Unis, et 1er Nikon en avance film automatique
Nikon FA (1988)
Nikon F5 (1996)
→ ne peuvent pas être utilisés avec des objectifs Non-AI car leur levier de couplage AI est non escamotable (repliable).
Boîtiers Nikon Numérique ou DSLR compatible Non-AI
Nikon Df (2013) → Le seul reflex numérique conçu pour accepter les objectifs Non-AI grâce à son levier de came repliable, tout comme sur les Nikon F3, FM, FE, EL2 et FT3.
Pour permettre la mesure d’exposition avec ces objectifs, il est nécessaire de saisir manuellement dans le menu de l’appareil la focale et l’ouverture maximale de chaque objectif. Le Nikon Df peut mémoriser jusqu’à 9 objectifs manuels (AI, AI-s ou Non-AI modifiés ou non).
En mode A (priorité ouverture) ou M (manuel), la mesure se fait par correspondance entre la valeur de diaphragme choisie sur la bague de l’objectif et celle indiquée par l’appareil (précédemment réglée via les menus).
L’appareil ne lit pas automatiquement la position de la bague de diaphragme sur un objectif Non-AI, mais utilise les informations mémorisées pour calculer l’exposition. En mode M, il faudra ajuster manuellement le temps de pose en fonction de l’ouverture sélectionnée sur l’objectif mais sans faire de stop-down metering manuel.
Boîtiers Nikon Numérique ou DSLR non compatible Non-AI mais compatibles AI
Pour tous les boîtiers Nikon de la gamme pro numérique (D200, D700, D800, etc.) sont compatibles avec AI / AI-s et permettent même la mesure matricielle si les infos sont entrées manuellement (ou à minima pondérée centrale).
Mais ils ne sont pas compatibles avec les objectifs Non-AI !
Boîtiers Nikon Numérique ou DSLR non compatibles Non-AI et AI-s
Les objectifs suivants sont uniquement destinés à l’utilisation des objectifs de génération numérique.
Nikon D3000, D3100, D3200, D3300, D3400, D3500
Nikon D5000, D5100, D5200, D5300, D5500, D5600
Modification des Objectifs Non-AI ou Pré-AI
Il existe plusieurs générations d’objectifs Nikkor, et si la monture F est restée physiquement inchangée depuis 1959, tous les objectifs ne sont pas nécessairement compatibles avec l’ensemble des boîtiers Nikon.
En particulier, les objectifs Nikkor F Non-AI ou Pré-AI, produits entre 1959 et 1977, ne disposent pas du système d’indexation automatique de l’ouverture (AI). Sur certains boîtiers récents — notamment numériques d’entrée de gamme — leur montage est même physiquement impossible ou peut endommager le levier de mesure d’exposition.
À partir de 1977, Nikon introduit la série AI (Automatic Indexing), suivie des AI-s en 1981. Ces versions assurent une meilleure communication mécanique avec les boîtiers, supprimant notamment les « oreilles » métalliques (rabbit ears) sur la bague de diaphragme. Sur les boîtiers modernes (y compris certains hybrides via bague FTZ), ces objectifs sont bien souvent encore utilisables, avec ou sans mesure automatique selon les modèles.
En revanche, les objectifs Non-AI peuvent être modifiés (AI-conversion) en limant ou usinant une portion de la bague de diaphragme pour créer une came AI. Ce travail peut être fait soi-même avec prudence, ou confié à un professionnel.