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La Cité Radieuse » de Le Corbusier est non seulement un chef d’œuvre d’architecture contemporaine mais aussi l’un des emblèmes forts de la cité phocéenne et c’est depuis cette Unité d’Habitation qui domine la ville, au 8e étage d’une chambre de l’Hôtel Corbusier, que j’ai eu l’envie de photographier l’âme de ma ville, Marseille. Il ressort de ce portrait urbain un récit photographique composé de 32 photographies.
Eric Petr, Nuit radieuse, récit photographique par Canoline Criticks
« J’avais l’envie de parler de ma ville ; Marseille, ville mal aimée et pourtant si belle, fendue par ses stigmates, ses blessures urbaines, qui n’offre sa protection divine de la Bonne Mère qu’à ceux qui s’en émerveillent. »
Eric Petr s’est volontairement plongé dans un environnement familier rempli de repères. Malgré une connaissance précise des lieux, il a cependant choisi l’errance et la surprise picturale. Dans l’intimité d’un endroit, un appartement situé au 8e étage de la cité radieuse du Corbusier où l’on peut contempler la beauté de la cité phocéenne, il a réalisé ses photographies à l’aide d’un appareil numérique monté d’un objectif des années soixante. Les images ont été capturées en une seule prise de vue, dans la spontanéité, sans post traitement en décembre 2020.
Vue de ses hauteurs, Marseille, cité de lumière endormie, donne une impression de vie, de mouvement. Les arrêts sur image reconstruisent l’identité de la ville. Ce sont des rencontres fortuites, des présences citadines révélées de nuit et investies par des sensations plurielles, passant par une avalanche de signes à multiples détonations. L’expérimentation de chaque nouvel espace propulse des éléments dissemblables même si l’abstraction visuelle ne se prête pas au jeu de la référence. Les clichés sont naturels mais mouvementés, civilisés mais vides d’humanité.
Ils font pourtant résonner le potentiel narratif. Les lignes lumineuses des logements, des buildings, des axes routiers, se mêlent et s’entremêlent sans distinction. C’est une rencontre avec l’indéterminable, une errance dans l’imaginaired’un territoire sans frontières, libre d’associations en apparence dont de fins liens éclairés dressent la poésie du réel.
« L’enregistrement des vibrations de la ville restitue un spectre non visible et témoigne de l’extraordinaire pour raconter une rêverie retranscrite dans un idiome visuel où l’on aperçoit en filigrane dans les interstices des signes, l’indicible beauté de Marseille plongée dans son sommeil. »
Le travail d’Eric perçoit la ville comme un réseau connecté où les intersections de l’histoire collective s’accumulent au fil du temps. Il révèle par l’image la présence de strates mémorielles, réveille les rémanences que le présent nous laisse d’un passé, révélant une sélection naturelle du cliché en convoquant les fantômes et les témoins.
« Les villes se situent à des points de croisements de lignes énergétiques, comme les lignes de Ley. A ces endroits, pendant des millénaires, des choses fascinantes se sont pratiquées d’un point de vue symbolique. »
Le photographe s’intéresse à ce que nos images révèlent de fascination et de sublimation. Il laisse en suspens le sens résultant d’un enchaînement d’interrogations impénétrables. Ses photographies sont d’une grande force poétique. Elles portent la tension de l’instant sans en proposer de description. Et s’intéressent à la tentative de l’enregistrement, de la pause sur un mouvement non linéaire, apparemment incontrôlable d’une ville illuminée au tempérament fougueux et joyeux.
Canoline Critiks
Les talents émergents de l’art contemporain
https://canolinecritiks.blogspot.com